L’association Des Livres et des Histoires présente :
Lecture théâtralisée du texte de Martine Courtois par la Timshel Compagnie
16 septembre 2016 à 20 h à Arnas
En mairie : salle des mariages
« J’aimerais mieux que mon fils apprît aux tavernes à parler, qu’aux écoles de la parlerie », disait Montaigne.
Aucune substance consommable n’a la même complicité que le vin avec la parole. Non seulement il délie les langues, en rendant les buveurs bavards ou poètes – selon leurs talents – mais il est aussi le seul produit dont la consommation exige un commentaire, puisque savoir le boire revient à savoir en parler.
Cet assemblage de moût et de mots, qui fait du vin une boisson éminemment culturelle, s’explique d’abord par un effet bien connu de l’alcool, la levée des inhibitions qui retiennent l’individu de s’exprimer librement.
Mais, à l’aisance d’une légère griserie succède, avec un verre de trop, la difficulté d’élocution de l’ivresse, qui ramène le buveur à un silence abruti, tout au plus entrecoupé par les hic ! et les hips ! où se réduit, dans les dessins d’humour, l’expression de celui qui a « perdu la force de parole ». Aussi, la consommation du vin est-elle soumise à un rituel social qui garde les convives, s’ils s’efforcent de le poursuivre, des monologues pathétiques que marmonnent les ivrognes. Or, ce dialogue lui-même n’est que le commentaire d’une autre conversation, celle que les amateurs prétendent avoir avec le vin quand ils se mettent à lui dire deux mots, ou un, ou trois :
– « En attendant ma belle, notre charmante hôtesse, si nous disions un mot à la bouteille ? » (Diderot, Jacques le fataliste).
Soutenu ou illustré par un accordéon (musiques de J. Pacalet, M. Dessagnes, J.L Brunetti, V. Zolotaref, K. Weill, etc.), véritable instrument de dialogue avec le comédien, le texte sera donné, entrecoupé des expressions populaires ou poétiques qui abondent dans ce petit livre jubilatoire et néanmoins exhaustif…
Amour : d’un vin moelleux, velouté, on dit en Bourgogne qu’il a de l’amour : le même mot désigne en peinture un duvet qui facilite l’encollage de la toile, et en maçonnerie une espèce d’onctuosité que le plâtre laisse entre les doigts…
Baiser : l’image du baiser que la bouche donne à la bouteille est répandue depuis longtemps en littérature.
« Puisque je t’aime tant, il faut que je te baise » disait Olivier Basselin (XV siècle) à son « vin amoureux ».
Le mot est resté vivace en pays de Loire, parce que le nom des bouteilles de cette région, les fillettes, renforce la métaphore ; baiser une fillette : boire une bouteille…
Coude : Lever le coude, boire beaucoup, date du 18ème siècle ; on disait plier le coude au 16ème siècle, et hausser le coude au 17ème. Au début du 20ème, être adroit du coude : être porté sur la boisson…
Pourboire : date du 18e siècle. Au début du 16ème, on disait en ce sens pot de vin, qui n’avait pas de nuance péjorative. Le vin est la récompense d’un travail ou d’un service rendu. Seul Erasme y a vu un châtiment possible : « La plupart des vins méritent d’être bus par des hérétiques, car ils constituent une punition suffisante pour n’importe quel méfait »…
Fiche Technique
Auteur : Martine Courtois
Éditeur : Belin, collection « Le Français retrouvé »
Production : Timshel compagnie
Adaptation scénique : Fabien Boseggia
Avec : Fabien Boseggia, comédien et Jean Luc Brunetti, accordéoniste.
Durée : 65 minutes.